Depuis plus de douze siècles, un même élan guide visiteurs et pèlerins vers l’ancienne abbaye de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert…
L’abbaye de Gellone, est un chef-d’œuvre du premier âge roman méridional, un sommet de l’art monastique. Marquée par les outrages du temps et parfois le désintérêt des hommes, l’abbaye de Gellone n’en demeure pas moins le témoin exceptionnel d’une histoire millénaire et révèle encore toute sa force symbolique et spirituelle.
L’édifice, l’un des plus remarquables du midi, fut fondé à l’aube du IXe siècle par Guilhem d’Aquitaine, petit fils de Charles Martel, cousin de Charlemagne. Guerrier devenu moine, sa légende sera célébrée durant tout le Moyen Âge par les troubadours dans la fameuse Geste de Guillaume d’Orange. Dès le Xe siècle, ses reliques et un fragment de la Vraie Croix toujours conservés aujourd’hui, attirent fidèles et pénitents de toute l’Europe, et l’essor de la communauté bénédictine conduit, du XIe au XIVe siècle, à la construction d’une nouvelle abbaye.
Au XIIe siècle, l’abbaye devient une étape incontournable sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pèlerinage crée à l’aube du XIIe siècle pour vénérer le corps de l’apôtre Jacques le Majeur, il est l’un des trois chemins de pèlerinages de la chrétienté après Rome et Jérusalem. En 1998, l’abbaye de Gellone est inscrite au patrimoine mondial par l’UNESCO au titre des chemins de Compostelle en France.
A partir du XVe siècle, la nomination par le roi, d’abbés commendataires, dont la préoccupation première est de tirer le maximum de revenus de l’abbaye, la fragilise. L’entretien des bâtiments n’est plus assuré et la discipline monastique se relâche. Au XVIe siècle, le déclin du monastère est aggravé par les Guerres de Religions. L’abbaye prise par les protestants est pillée …
Au XVIIe siècle, la congrégation bénédictine de Saint-Maur la sauvera de la ruine jusqu’à sa dissolution à la Révolution. L’église devient alors paroissiale et si l’édifice est épargné, le cloître, l’un des plus beaux du monde roman en son temps, fut marqué par l’abandon. Réduit à l’esthétique du fragment au XIXe siècle, il sera sacralisé par le classement de l’abbaye de Gellone au titre des Monuments historiques dès 1840 et mystifié par son incroyable voyage outre-Atlantique au début du XXe siècle.
Aujourd’hui encore, on ne peut qu’être surpris par ce sommet de l’art monastique. Jeux d’ombre et de lumière confèrent au chevet une majesté saisissante alors qu’à l’intérieur la pureté des lignes et la hauteur des voûtes de la nef en berceau plein cintre, renforcées d’arcs doubleaux témoignent d’un des plus parfaits exemples du premier âge roman méridional.
Depuis 1978, la communauté du Carmel Saint-Joseph est venu rendre au monastère sa destination première.